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L’Outplacement en perspective

Temps et transition professionnelle : une cohabitation mouvementée

Allié et ennemi. Paradoxe bien connu, le temps est le même pour tous, et pourtant nous avons chacun notre vision et perception du temps qui s’écoule. C’est particulièrement criant durant la période entre deux jobs : selon son appétence pour le risque, sa situation financière, sa période d’indemnisation par Pôle Emploi et une multitude d’autres facteurs personnels, le temps ne s’écoulera en apparence pas à la même vitesse. Le temps sera parfois l’allié d’une réflexion approfondie autour d’un projet professionnel de rupture ou projet de cœur ou, au contraire, il sera l’ennemi nous amenant inexorablement vers la fin d’une période d’indemnisation, nous poussant à prendre rapidement un job « alimentaire ».

De l'importance de la gestion de son quotidien

Passés la joie, le soulagement éventuels d’avoir enfin quitté son employeur ou passé le deuil de son dernier job, il faut apprendre à s’organiser dans cette nouvelle vie, dans un premier temps moins rythmée par les rituels sociaux de l’entreprise. C’est lors de cette phase que peut naître un sentiment d’urgence, une angoisse, un besoin frénétique de répondre à absolument toutes les annonces d’emploi, de contacter tous les chasseurs, d’envoyer des candidatures spontanées à toutes les entreprises du CAC40. Un sentiment de culpabilité pourra même pointer le bout de son nez dès que l’on fera autre chose que de rechercher un emploi, annihilant ainsi toute forme de prise de recul.

Et pourtant, quoi de plus important que la prise de recul durant cette phase ? Cette période charnière de la vie professionnelle est une formidable opportunité de se poser des questions sur ses aspirations personnelles et professionnelles, ses envies, ses besoins ; il est donc vital de se ménager des temps de respiration dans son emploi du temps, des moments pour se faire plaisir, des moments qui permettront à nos pensées de décanter tranquillement, inconsciemment.

Afin d’équilibrer entre la nécessité de prendre du temps pour soi et la culpabilité potentielle, il est recommandé de rapidement se construire un planning hebdomadaire indiquant les périodes actives de recherche et les phases « pour soi » afin de gagner en sérénité et en efficacité.

Se fixer des objectifs temporels

 Les besoins des uns et des autres, qu’ils soient financiers, personnels, professionnels, ne sont évidemment pas uniformes et n’induisent donc pas le même rapport au temps. Ainsi celui-ci sera prêt à se donner jusqu’à six mois de réflexion pour explorer un projet personnel, cet autre s’autorisera deux semaines pour construire un projet professionnel.

 L’essentiel sera surtout de se fixer des échéances conformes à soi et de bâtir un planning général fixant les grands objectifs de sa campagne (vacances, exploration d’un projet de cœur, élaboration du projet professionnel, début de la campagne de réseau, etc.) et le temps que l’on se permet d’y consacrer. Partir à l’aveugle est un bon moyen de générer stress et culpabilité assez rapidement. Le temps du chercheur d’emploi n’est pas celui de la personne en poste.

 Lorsque l’on sollicite une personne pour un entretien réseau et qu’elle met deux semaines à répondre, lorsqu’un contact a promis de nous envoyer un nom d’un autre contact ou une information et qu’il tarde à le faire, il peut nous arriver de pester, de trouver la personne sans cœur compte tenu de notre situation actuelle. Il faudra surtout se souvenir que la perception de l’écoulement du temps dépend très largement de sa « conjoncture » personnelle ; le sentiment d’urgence n’est certainement pas uniformément partagé entre la personne en poste et la personne en recherche d’emploi. Souvenez-vous également que votre « urgence » est issue de votre cadre de référence personnel, votre interlocuteur ne la perçoit pas implicitement.

 Face à cette situation, il conviendra de mettre plusieurs fers au feu, de multiplier les pistes, les entretiens réseau afin de pouvoir relativiser l’urgence compte tenu de la multiplicité des actions en cours. Il est également important de fixer les échéances avec vos interlocuteurs dès que cela est possible ; n’hésitez pas à demander à un contact avant de le quitter sous quelle échéance vous aurez de ses nouvelles et s’il est d’accord pour que vous le relanciez une fois l’échéance dépassée. L’absence d’échéance fait paraitre le temps plus long (c’est le même biais cognitif à l’œuvre lorsque nous nous promenons sur un chemin que nous découvrons : le retour parait toujours plus court que l’aller).

La procrastination, qu’a-t-elle à nous dire ?

 La procrastination, ou l’art de repousser toujours plus tard ce que l’on pourrait faire maintenant, si elle constitue une pratique courante durant la période de recherche est peut-être un signal de notre inconscient concernant notre absence d’alignement entre le projet poursuivi et ses besoins et envies personnels.

Repousser encore et encore une échéance que l’on sait pourtant importante pour sa recherche, ne pas prendre contact avec telle personne alors que l’on sait qu’elle est un atout majeur dans sa campagne, répondre avec une journée de retard aux sollicitations sont autant de signe devant nous alerter et nous interroger sur le projet poursuivi. « Suis-je en train de m’auto-saboter ? » est une question qu’il sera sans doute important de se poser face à cette situation.

 La procrastination n’est bien sûr pas toujours le signal d’une fausse route, elle peut relever simplement d’une tendance naturelle ou traduire un besoin de prendre un temps de réflexion plus long.

Le temps, ce paradoxe

La gestion du temps est un enjeu très important en phase de transition professionnelle ; de même que la perception du temps n’est sans doute pas la même devant un film d’art et d’essai auquel on ne comprend rien que lorsque l’on passe une belle soirée entre amis, nous ne voyons pas tous le temps défiler à la même vitesse. En prendre conscience, mettre en place quelques outils (échéances, planning), s’écouter, échanger avec d’autres personnes dans la même situation sont autant d’éléments permettant de repousser la culpabilité et d’installer la sérénité (qui est elle-même un facteur non négligeable de réussite en entretien !).